ZEN
L'appel du vide
En montagne, l'ascension est un sas, un espace de transition qui me permet d'être plus réceptif.
L'effort physique régulier, qui découle de la montée, permet une grande disponibilité d'esprit et d'être dans le moment présent : une méditation active.
L'hiver en altitude, les repères visuels s'estompent et finissent même par disparaître lors des jours blancs. Les bruits sont tellement atténués que le silence aussi en devient blanc.
Un monde monochrome et insonore.
Dans l'art extrême-oriental, fortement influencé par le bouddhisme zen et son appétence pour la négation, " le vide n'est pas considéré à partir du plein, c'est au contraire le plein qui est considéré à partir du vide* ". C'est à partir du vide que l'oeuvre se conçoit et s'apprécie.
Tout comme en photographie le papier blanc révèle l'image.
C'est précisément ce qui se joue ici et sur quoi ma photographie repose : un vide qui construit l'image pour amener à un équilibre visuel.
Cette série s'est inspirée de ce néant créateur pour ouvrir un espace incitatif qui invite le spectateur à entrer dans l'image.
L'impression de cette série , inspirée des arts picturaux japonais sur du washi (papier japonais), me permet de faire coïncider le fond et la forme.
"On ne réalise le plein que lorsqu'on parvient au vide"
Kinbara Seigo
Kinbara Seigo
* Les limites du ma, retour à l’émergence d’un concept japonais de Michael Lucken, 2014